Wearing ✿ Un dimanche matin, 6h. L'heure où les gens sont généralement en train de dormir. Ça aurait été mon cas aussi si mes émotions n'étaient pas sens dessus dessous. La soirée d'hier s'était pourtant bien annoncée : je suis sortie avec Eric, un jeune homme avec qui j'ai rien en commun. J'ai fini par accepter son invitation à une soirée mondaine, et à l'issue de l'évènement je pensais commencer une relation plus sérieuse avec lui, ou chercher ailleurs. Il n'y avait pas d'autres perspectives à mes yeux. Mais après avoir croisé Noah, il y a rien d'étonnant à ce que je finisse le lendemain sur mon lit à une heure pareille, le week-end, n'ayant pu fermer un œil de la nuit et me sentant au trente sixième dessous.
Qui plus est, j'avais envoyé une quantité effrayante de SMS d'urgence à Anastasia qui était probablement en train de dormir. Certains étaient longs, d'autres ne dépassaient pas les trois mots. Mais je pense pouvoir résumer le contenu de l'intégralité de ces messages par un simple « SOS ». Alors, en attendant qu'elle se réveille, je me mordille le pouce de l'ongle devant une télé-réalité pathétique, pensive. Il ne manque plus qu'un pot de glace pour parfaire le cliché de la femme qui se fait larguer dans les films, en fait.
Heureusement que quelqu'un vient frapper à la porte. Je quitte mon lit pour aller ouvrir, non sans me cogner l'orteil contre je ne sais quoi. Mon corps n'est pas prêt de retrouver son calme, il parait... « Oh Dieu merci, t'es enfin là. Désolée de t'avoir dérangée toute la nuit mais j'ai un gros service à te demander. » J'attends qu'elle ferme la porte et, toujours debout, laisse passer quelques secondes de suspense avant de lâcher le morceau le plus sérieusement du monde : « Menotte-moi au radiateur dans ma chambre, ferme la porte à clés et veille à ce que je m'en échappe pas ! » Suite à ces quelques instructions, je me dirige vers la chambre à coucher en traînant les pieds, ajoutant d'une voix moins audible : « Que je ne refasse plus une connerie comme celle d'hier... »
Samedi, t'as passé ta journée et même ta soirée dehors. T'avais besoin de te changer les idées après ce qui s'est passé. T'es pas morte, tu le sais mais c'était assez traumatisant pour toi. Tu revois son poing qui s'abat sur toi une première fois puis une deuxième. T'as l'empreinte de ce dernier imprimé dans ta chair et ton visage n'a pas été moins épargné. Noah s'est bien occupé de toi. Heureusement qu'il était là. Il est toujours là. T'en as pas parlé à Romy, t'avais pas envie de l'inquiéter et puis, de toute façon, elle le verrait. C'est pas comme si tu pouvais réellement le cacher. Le soir tu t'endors, la tête dans les étoiles. Mais pourtant, tu dors mal. Quelque chose cloche. Ton téléphone vibre une fois, te réveillant légèrement. T'essaies de te rendormir mais une pluie de textos ont raison de toi. Il est sept heures du matin. Qui peut bien être réveillé aussi tôt ? Un Dimanche qui plus est ! Tu tends ta main pour attraper ton Iphone. La lumière du portable t'éblouit légèrement. Tu mets un peu de temps avant de t'y habituer. C'est Romy. Tu sautes presque du lit sans prendre réellement la peine de lire tout ses messages. Tu te doutes qu'elle doit parler de Noah, tu as vu son prénom à plusieurs reprises. Qu'est-ce qu'il a fait encore ? T'es un peu inquiète alors tu ne prends même pas la peine de t'habiller et tu sors en pyjama, enfilant tout de même ton manteau. Les cheveux décoiffés, tu te précipites chez ta cousine. Tu te demandes ce qui se passe mais tu sais que c'est urgent. Elle ne t'aurait pas harcelé de cette façon si ce n'était pas le cas. Tu te retrouves sur son palier et t'as à peine frappé que la porte s'ouvre sur Romy encore en peignoir. « T'en fais pas, tout va bien ? » Tu entres et refermes le battant derrière toi. Elle enchaîne directement. Pour le coup, tu ne sais pas trop quoi dire. « Mais... » Et elle se dirige vers sa chambre comme si elle était réellement sérieuse. Après quelques secondes d'hésitation, tu la suis et lui attrapes doucement le poignet pour qu'elle te fasse face. « De un, il est hors de question que je fasse une telle chose et de deux, tu vas m'expliquer ce qui se passe parce que là, je t'avoue que je comprends rien du tout... » Tu l'entraînes vers son lit et l'oblige à s'asseoir avec toi. Tu ne penses même plus à ta blessure qu'elle pourrait voir, toute ton attention est tournée vers ta cousine. Tu n'aimes pas la voir comme ça. Tu l'observes avec un sourire d'encouragement, attendant patiemment qu'elle te déballe tout ses maux.
Il faut dire que niveau hôte, on aura mieux connu que moi. J'allais faire étalage de mes problèmes - sous couverture de blagues, pour changer - sans la saluer convenablement, ni même la regarder attentivement alors que je l'avais harcelée toute la nuit. Ça mérite plus qu'une excuse rapide, c'est sûr. J'avais vaguement remarqué qu'elle était venue en pyjama, sans me poser de questions. C'est une situation d'urgence après tout, non ? Enfin, je sais que fidèle à moi-même, j'en fais encore des tas mais j'ai besoin de parler à quelqu'un avant que la boule dans mon ventre n'explose.
Lorsqu'elle m'attrape le poignet, je me tourne vers elle et là, je prends le temps de la détailler, ahurie. J'entends pour ainsi dire rien de ses interdictions, l'esprit entièrement focalisé sur ce que je viens de voir, tellement que je me retrouve sur le lit quelques instants plus tard sans avoir réellement senti qu'elle m'y avait entraînée. « Euh, Ana... » Par réflexe, je fais glisser ma main sur son menton pour qu'elle puisse lever la tête, et constate les dégâts. Ma bouche reste entrouverte quelques instants avant de poursuivre : « S'il te plait, dis-moi que t'as juste abusé du fard-à-joues. »
Je ne suis pas seulement une mauvaise hôtesse, mais une mauvaise amie en prime. A en juger par la couleur, c'est relativement récent et moi qui suis censée être sa best, ne suis au courant de rien. Je l'ai vraiment négligée ces derniers temps. « Idiote. Mes problèmes sentimentaux sont pas une priorité maintenant, comment tu t'es fait ça ? Et me dis pas que t'es tombée. » je grimace encore en examinant son visage, puis je me lève et file chercher quelque chose dans la boite à pharmacie en quatrième vitesse. Je reviens avec une crème anti-cicatrices, et commence doucement à l'appliquer sur son visage, sait-on jamais. Ce serait quand même dommage d'en garder une cicatrice sur un si joli visage. « Une bagarre ? Un accident ? Un... animal hostile ? » J'ai encore plein d'hypothèses en stock, heureusement qu'elle s'apprête à dire quelque chose. « Je suis si désolée. Pourquoi tu m'as rien dit ? » Je pose la crème sur le lit et prends ma cousine dans mes bras, dans un geste qui se veut tendre et rassurant. Cette idiote, elle vient ici prête à écouter mes histoires de cœur avec le sourire alors que, visiblement, tout ne tourne pas rond dans sa vie non plus.
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