Encore. Je rentrai une fois de plus accompagné d'une belle sirène, bien trop superficielle pour me charmer mais assez attirante pour satisfaire à certains besoins primaires. Rencontrée par hasard dans un bar plutôt fréquentée, elle suscitait un désir réel chez la plupart des clients alors présents, les autres se révélant bien trop occupés à consulter le petit psychologue qui reposait au fond de leurs verres. S'avançant dans ma direction telle une prédatrice à l'assurance féline, elle s'était emparée avec aisance de mon breuvage et y avait déposé ses lèvres rubis, sans jamais quitter mon regard. Il m'avait alors suffit de commander deux autres boissons et de simplement prétendre m'intéresser un tant soit peu à ses paroles dénuées qu'une quelconque lueur de génie. Nous avions alors délaissé la puanteur des danseurs qui s'adonnaient à quelques exercices éreintant, ainsi que le bruit assourdissant des basses certainement mal gérées par le DJ amateur, pour finalement rejoindre mon sanctuaire privé. Fort heureusement pour moi, Sutton s'était absentée. On m'offrait ainsi la possibilité de m'abandonner à quelques vices sans répercussion aucune. Une entière liberté à vaquer à une activité, certes peu reposante, mais assurément plaisante. Si à une heure du matin, la journée était sensée entamer son règne, pour moi, la nuit ne faisait que commencer, m'adonnant à une danse sensuelle et sans attaches. Arrivés à l'appartement, la bimdo passa ses bras ridiculement longs autour de mon cou et entreprit d'approcher sa bouche de la mienne. Enlisé dans un baiser passionné, mais toutefois fort peu exceptionnel, je ne pris pas la peine de fermer à clé et dirigeai ma compagne de cette nuit vers le cuir immaculé du canapé, qui nous vantait son confort, à nous pauvres pêcheurs. En parfaite dominatrice - du moins si ses propos se voulaient avérés -, elle s'installa sur mes genoux, sans gêne aucune, sans s'arracher à mes lèvres. Peu m'importait qu'elle prenne les devants, ou même qu'elle mène la danse. Elle se dévoilait pleinement et entièrement à moi. Une sensation qui dépassait toute volonté de diriger ses agissements. Mon état actuel ne m'apportait que mépris, honteux de devoir commettre le crime de luxure dans le seul but de retrouver une paix paradoxale et artificielle. Honteux de devoir me servir d'une âme innocente pour combler ma douleur. La belle enleva son t-shirt, qui ne dissimulait que peu ses attributs, puis s'attaqua au mien. Nos chaleurs se mélangeaient à chaque nouveau mouvement. La pénombre la rendait plus attirante, je pouvais alors aisément imaginé un autre visage. Oui c'est bien comme ça... Je fis tomber alors son jean et agrippait sa taille afin de la sentir plus près de moi. Elle semblait en proie à un désir pressant. Je ne lui en tenais pas rigueur, après tout je me trouvais dans le même cas. Mais alors que la situation allait évoluer de manière critique. La porte se déroba en un vacarme désobligeant, stoppant net ma proie de ce soir, la stupeur déformant son joli minois, complètement abasourdie par ce qui venait de passer le pas de la porte...
T'as l'esprit ailleurs. Tu sembles être déconnectée de la réalité. Sans même t'en rendre compte. Tes pensées vagabondent. Elles voyagent. Elles dérivent. Tu te laisses porter par ce flot de réflexions, sans trop savoir où cela risque de t'emmener. T’as l’impression de te noyer. Tu te sens dépassée. Par les évènements. Par tout ce qui se passe. Le suicide d’elisabeth. Le départ de ton frère. La pression continuelle que te font subir tes géniteurs au quotidien. Tout s’enchaîne. Tout s’entremêle. T’as cette impression que ton corps agit indépendamment. N’ayant plus le moindre contrôle sur tes pensées. T’es juste perdue. Egarée. Tu t'agites dans ton sommeil. Changeant sans cesse ta position. Les draps se collant à ta peau. L'atmosphère devenue oppressante, pesante. Chaleur étouffante qui t'empêche de te détendre dans les bras de Morphée. T'as pas sommeil. Tu ne sais pas quelle heure il est, mais tu te décolles du lit pour aller prendre une douche. Calmer ces pensées qui tapissent, qui sévissent dans ton esprit. Esprit hanté par un seul être. Par une seule personne. Noé. Tu le revois. Lui et ses lèvres fines que t’avais adoré dévorer en l’espace de quelques minutes. Ce baiser échangé, langoureux, sensuel, érotique à souhait, tu t’en souviens comme si c’était hier. Inlassablement, tu te remémores votre entrevue dans ce bar miteux. Il t’a marqué. Tu t’es imprégné de lui. Et ça t’énerve. Parce que tu ne contrôles rien. L'eau chaude te calme. Il t'amène progressivement à l'état de paix. T'inspires. T'expires. T'apprécies cette quiétude qui te gagne, qui prend possession de la moindre parcelle de ta peau. Détendue, tu finis par en sortir plus rapidement que d'accoutume. Tu te sèches, enroules tes cheveux dans la serviette, pour ensuite te diriger vers le canapé du salon. Clairement, l’idée d’aller retrouver ton lit ne t’enchante guère. T’as envie de quitter cette pièce. Cet appartement. T’as besoin de prendre l’air. De bouger. Tu ne connais qu’un seul endroit qui demeure à l’abri de tes cauchemars. Un lieu unique où ils ne peuvent t’atteindre. Où tu te sens protéger. Chez Anton.
Tu ne réfléchis pas plus longtemps, t’as déjà une idée derrière la tête. Tu te précipites dans la salle de bain à nouveau pour te préparer. Tes cheveux, tu les sèches. Tes yeux, tu les maquilles. T’hésites à te ramener dans une tenue provocatrice. Sensuelle. Mais ça ne te ressemble pas. T’es censée rester droite. Pure. Intouchable. Alors t’optes simplement pour un pull et un jean. Une fois prête, tu fais les dernières vérifications avant de claquer la porte de ton appartement. Tes pas s’empressent. T’accélères. Fort heureusement, Anton n’habite qu’à quelques pâtés de maison. A mesure que tu avances, tu t’imagines la scène dans ta tête. Il t’ouvrira la porte, le visage légèrement endormi. Les cheveux en bataille. Son soupir t’étirera un sourire avant de te jeter dans ses bras. Anton, il a cette capacité de t’apaiser. Il te canalise. Il t’apprend à contrôler ta partie sombre que tu caches intentionnellement. Nul n’est supposé le savoir. Ton côté turbulent. Démoniaque. Perdue dans tes pensées, tu remarques à peine que tu viens d’arriver sur le perron. T’as un sourire impatient qui barre tes lèvres. Ton cœur s’emballe. Un peu. Légèrement. Parce qu’avec Anton, c’est toujours particulier. Ça l’a toujours été. Tu tends ta main dans l’optique de frapper. Puis tu te ravises, laissant tomber lourdement ton bras le long de ton corps. T’es comme chez toi. Pas besoin d’être aussi formel. Et encore moins respectueuse de sa vie privée. Son intimité est tienne. T’ouvres la porte à la volée. « Antoinette, je suis…. » T’es stoppée net. Bouche-bée. T’écarquilles les yeux. Remarquant qu’il n’est pas tout seul. Une invitée non désirée entre ses bras. Rectification. A cheval sur lui. Ou l’inverse peut-être. Ta vue se trouble pendant une seconde. Toujours plongée dans la stupeur, tu te rapproches d’eux. Tu la désignes du doigt, sans aucune piété. « Vous faites un scrabble ? Je peux me joindre à vous ? Je dérange peut-être » tu lâches froidement. T’attrapes le tee-shirt que tu penses être à la meuf et tu lui balances violemment au visage. « Tu peux te rhabiller, il peut plus rien t’offrir, je pense que ma présence a dû faire baisser sa libido » tu rajoutes, perfide. T’es plus la Emrys que les voisins connaissent. T’as dû mal à te reconnaitre. En fait, tu t’es juste laissé envahir par la jalousie. Et la possessivité.
L'obscurité pourtant si oppressante de coutume, me semblait étrangement réconfortante. Les ténèbres, d'ordinaire si étouffantes, m'inspiraient finalement une sensation agréable et chaleureuse. Le silence ambiant ne se montrait pas aussi absent qu'il aurait du le paraître. Chaque brise légère, néanmoins incroyablement discrète, faisait teinter les vitres doucement, sifflant une tendre mélodie. Le parquet et les poutres en bois ancien craquaient sous l'effet dévastateurs des affres du temps, donnant cette nette impression d'un foyer animé par la vie, obligé de respirer tout comme un être humain. Peut-être que les habitations recélaient nombreux secrets mystiques après tout, dissimulant leurs propres âmes. Dehors, l'agitation des passants en quête d'amusement et d'une euphorie revigorante, électrisait les rues à peine éclairées, d'une musique entrainante. Les voitures lancées à des vitesses singulières, faisaient danser les ombres d'une manière envoûtante, galvanisant la pièce en un kaléidoscope de lumières ensorcelantes. Prenant conscience pour la première fois de l'atmosphère exquise qui régnait harmonieusement au sein de mon cocon intime, j'en oubliai presque ma compagne du moment. Focalisé sur la futilité de cette nuit, il me fallut du temps pour reconnaître que nos cœurs ne battaient désormais plus au même rythme, tambourinant d'une façon assourdissante dans sa poitrine en un tempo effréné. Le mien curieusement, vibrait d'une feinte excitation, à peine perceptible. Une voix bien trop familière et reconnaissable entre toutes me tira de ma transe infâme et irrespectueuse. « Antoinette, je suis…. » Elle demeurait bien la seule à pourvoir se vanter de m'attribuer des surnoms aussi peu orthodoxes et surtout aussi désobligeants. Par ailleurs, si ma proie de cette nuit sembla contrariée par la première remarque malsaine d'Emrys, elle s'offusqua carrément de la dernière critique pour le moins acerbe. Saisissant le vêtement que ma jolie envahisseuse lui avait salement jeté au visage, elle déguerpit aussi vite qu'elle était venue, rongée par la honte et non sans lancer un magnifique « Goujat! », de frustration. Qui utilise encore cette expression de nos jours ? Elle se donnait seulement un genre. Un comportement qui m'irrita davantage. La porte claqua une nouvelle fois, plongeant de nouveau mon monde dans le mutisme le plus complet. Une ambiance furtive qui ne dura pas, brisée par un éclat de rire incontrôlable. Complètement dépassé, les nerfs entièrement relâchés, je penchai la tête en arrière me postant dans une posture lascive. Elle avait osé. Petite insolente ! Elle me le payerait un jour. « Tu sais que tu me dois un T-shirt ? Grâce à toi c'est le mien qu'elle a embarqué, petite futée. » Calmant un tant soit peu mon enjouement chronique, je lui intimai de me rejoindre sur mon autel de luxure. Ouvrant mes bras encore nus, je lui offrais le réconfort de la chaleur humaine. Je savais qu'elle boudait, mais je n'en tenais pas compte, sachant pertinemment que l'incident serait vite oublié. « En plus j'adorais ce haut. C'est toi qui me l'avait offert. » Un sourire malicieux ne quittait pas mes lèvres. J'adorais la pousser à bout. Seulement, si elle se trouvait là à une heure aussi tardive, il devait y avoir une raison. Or Emrys savait qu'elle pouvait compter sur mon soutien inconditionnel. « Tu veux un verre ? J'ai des bières je crois. Mais j'ai la nette impression que tu as besoin de quelque chose de plus fort. » Cette nuit allait se révéler très longue.
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Emton || Visite Nocturne et Sentiments Piégés
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