Elles sont bien noires, les pensées des nuits blanches. (Roman)

prénoms, nom : Roman Theodore Cairn. surnom : Gamin, on l'appelait Romy. Ses soeurs, surtout : elles disaient qu'ainsi leur fratrie ne comptait que des filles. À la longue et de guerre lasse, il s'est habitué jusqu'à ce que les autres, eux, en perdent l'habitude. Maintenant, on dit surtout Cairn, car ça sonne comme il est : rude, difficile. âge : Quarante et un ans. date et lieu de naissance : Le vingt-quatre août 1975, il est né à Masardis, un amas de bicoques plutôt qu'un village du comté d’Aroostook (Maine). nationalité : Américaine. origines : Il y a vaguement du tartan dans son patronyme, mais les américains ne sont-ils pas tous écossais, irlandais et gallois quelque part ? De ce qu'il sait, il est surtout le rejeton d'une Amérique qui ne se mélange pas trop, flaire l'étranger et se marie à son plus proche voisin. à whitehall depuis : Depuis l'été 1998. Cette année-là, il a cessé de n'être que de passage. occupation : Propriétaire du Swamps Motel, à la sortie de la ville. De temps à autres, il file des cours de boxe à quelques mômes. statut financier : Roman vit bien et, de toute façon, il vit très simplement. statut civil : Elle est partie la nuit du 8 au 9 octobre 2008, sans lui dire ni où ni pourquoi. Du jour au lendemain, Roman s'est retrouvé père célibataire de deux gosses qu'il avait à peine guignés jusque-là et le coeur emplafonné. Comme il ignore toujours où elle se trouve, il est séparé d'elle par le fait et n'a, de toute façon, jamais cherché à divorcer. orientation sexuelle : Hétérosexuel. Cassius Cairn, son père, dirait qu'un homme, c'est avec une femme. Alors il le dit à son tour, sans s'être jamais posé la question. caractère : Solitaire, humble, secret, bienveillant, fruste, pugnace, taiseux, volontaire, persuasif, introverti. groupe : Bound. avatar : Michael Fassbender. crédit : Unearthlydust pour les gifs, Edmond et Jules de Goncourt pour le titre, Jacques Prévert pour la citation.

un. Il avait le talent pour être boxeur professionnel. Il était doué. Et, pendant quelques années, ça a plutôt bien marché. Les salles étaient modestes, parfois minables, mais les combats payaient. C’est sûr, il ne rêvait pas d’égaler Ali ou Frazier. Il pensait simplement que ses poings valaient mieux que les crasses bagarres de son enfance, qu’il était bon dans quelque chose qu’il ne devait qu’à lui. À vingt-trois ans, il tire un trait en prétextant une blessure. deux. Roman a grandi près de l'Allagash Wilderness Waterway, un parc naturel protégé où son pater était garde forestier. Certaines années, le fils passait plus de temps avec lui dans les bois qu'à l'école alors, assez naturellement, il a su grimper aux arbres et pister du petit gibier avant de savoir lire. Le vieux Cairn était d'avis qu'on n'apprenait rien enfermé, au chaud entre quatre murs. Comme Roman a été son seul fils, Cassius s'est montré dur avec lui ; après qu'il l'a abandonné au milieu de la forêt, un jour qu'il avait douze ans et avec rien qu'une gourde vide, le morveux n'a plus eu peur d'être seul, ou perdu. trois. Il s’installe à Whitehall car c’est là que vivent sa femme et ses gosses. Cette ville, il la connaît depuis qu’il a quatorze, quinze ans, et que ses cousins l’ont baladé dans tout le Maine. C'est plus joli et plus tranquille que Masardis. Pour la première fois de sa vie, Roman habite dans une vraie maison, pas dans une caravane ou dans la chambre d'un motel poisseux. quatre. Elle s’appelle Lucille. À dix-huit ans, il a déjà connu quelques filles, mais il est maladroit, un peu brutal, surtout intimidé. Elle trouve ça amusant, Lucille. Ils passent tout l'été 1993 ensemble et, quand il repart elle ne sait même pas où, elle garde le secret et l'enfant. Roman ne rencontre sa fille que l'année suivante, et elle a déjà quelques semaines. Ça ne lui fait pas peur, ou alors il ne fait pas très bien attention, parce qu'il est amoureux de Lucille, Roman. Il a eu trois cent jours pour y penser, et il veut l'épouser. cinq. Après s'être fait péter le nez par son père à elle et le sien, il trime de toutes ses forces pour leur offrir une vie, une vie qui vaille le coup. Quand Roman arrête la boxe, il cumule des boulots qui lui abrutissent encore plus le crâne. Lucille dit que ce n'est pas grave, que ce qui compte, c'est qu'il soit là, qu'il soit avec eux. Parce qu'ils ont eu un fils, aussi. Et c'était pas une famille, ça, qu'elle lui dit, de prendre les routes pour se battre sur des rings. six. La veille, il s'endormait entre ses cuisses. Le matin, elle n'était plus là. Lucille est partie sans prendre ses affaires, mais elle lui a laissé son alliance, alors les flics ont conclu la même chose que lui. Quatorze ans de mariage, puis plus rien. Ça a fait causer tout Whithall un moment. L'alcoolisme forcené de Roman après son départ, plus encore. sept. Il essaie d'être père. Il ne le fait pas très bien. C'est que Roman n'a pas exactement eu le bon modèle, et s'il aimait désespérément leur mère, il leur accordait une importance très relative... Soudain, il a fallu lorgner sur leurs allers et venues, leur alimentation, leurs devoirs. Lucille faisait ça. Lucille le faisait bien. Lui, il n'était bon qu'à être amoureux d'elle. Ce n'est pas franchement une version à laquelle son fils s'est mise à croire. Au contraire, le sale môme pense que c'est de sa faute, que Roman l'a faite fuir. huit. À la fin de l'année 2010, il rachète le motel en bordure de Whithall. Là-bas, il est libre des commérages et des regards, et libre de boire tout son soûl. Pendant quelques temps, on ne le voit plus beaucoup, d'ailleurs, à se demander s'il n'est pas mort. Faut dire que ses mômes se ramènent tous seuls de l'école. Et tard le soir, en plus. neuf. Il y a bien eu quelques femmes, mais le fantôme de Lucille est partout. C'est plutôt elles qui viennent vers lui, parce que Roman a complètement perdu l'habitude, et l'envie. Il n'a jamais tenté de refaire sa vie, même pas pour ses enfants. On lui a bien dit qu'ils auraient sûrement besoin de quelqu'un, d'une présence féminine, mais il a préféré se choisir, être égoïste, et entretenir le souvenir d'une femme que ni sa fille ni son fils n'ont réellement connue. dix. Ce qui agite la vie locale touche toujours peu Roman. Il vient fréquemment en ville, mais il n'accorde que très peu d'importance aux rumeurs et aux évènements, retiré qu'il est depuis quelques temps à la sortie de Whitehall. Bien sûr, la mort d'Elisabeth Maddox est impossible à ignorer. Mais il vit très bien avec.

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