Apton || Conférence Ascensionnelle

Venue en ville : 20/03/2017

Conférence Ascensionnelle

APTON.

L'agitation battait son plein dans l'enceinte du bâtiment. Pas un corridor, ni aucune salle ne semblait aspirer à une paix enjôleuse. Cette ferveur indescriptible animait l'ensemble des occupants, qu'ils soient visiteurs ou habitués. Conviés pour une seule journée, des visages inconnus aux mines bercées d'euphorie, parcouraient avec une énergie non feinte ce dédale de couloirs. Le hall d'entrée, quant à lui, se montrait comme envahi d'une effervescence non dissimulée à la simple pensée de cet événement notable. Des cours avaient été annulés. Des stands avaient été installés. Même de la musique, distraction d'ordinaire absente, résonnait inlassablement, se diffusant à travers les murs les plus fins et s'infiltrant dans chaque petite interstice. Imaginer pouvoir passer un seul moment tranquille relevait d'une utopie des plus fantasques. Les élèves prêtaient un intérêt tout particulier aux nouveaux arrivants, heureux et curieux de participer à une session particulière, pimentant ainsi leur vie scolaire sans doute trop monotone.
Bien sûr, les professeurs avaient été conviés afin d'assurer l'encadrement ainsi que le bon déroulement du programme planifié. Cela ne m'épargna pas. Il m'incomba donc de veiller au bon fonctionnement de la plupart des conférences qui devaient se tenir aujourd'hui dans ce forum de l'orientation. Une tâche lourde et fastidieuse qui requérait une concentration infaillible ainsi qu'une autorité sans précédent. Rien ne devait perturber les exposants, pas même des comportements débordants de quelques jeunes insolents, inconscients du travail effectuer en amont et friands de plaisanteries désobligeantes ou de commentaires inappropriés. Parfois leur ignorance frisait l'imbécilité, les rendant irascibles et intenables. Mon rôle était d'éviter tout cela. Evidemment, faire abstraction de ce qui se déroulait autour de moi tenait de l'impossible.
Je prêtai ainsi une oreille attentive au dernier exposé qui se jouait, non sans mal, devant moi. L'assemblée commençait à s'impatienter même si le contenu s'avérait des plus intéressants, quoiqu'un peu rébarbatif considérant la profession de mon père. Une jeune femme, à la longue chevelure et au regard vif, dressait une liste des meilleurs aspects dans l'étude du droit. S'attaquant également aux débouchés, aux examens et aux devoirs, son débit se voulait calme et affirmé. Etrangement, sa voix, aussi douce que du coton, me semblait familière. Il me fallut d'ailleurs quelques minutes pour me souvenir de cette demoiselle si charismatique. Son assurance toute nouvelle m'avait fourvoyé, me laissant coi devant cette ancienne élève, qui jadis n'aurait pu tenir un tel discours devant pareille assemblée. Une sincère fierté s'empara de moi. J'attendis alors que cette conférence s'achève pour rejoindre Apolline, devenue une jeune femme à des lieux de ce qu'elle était avant. Arrivé à sa hauteur, je ne pus me départir de mon sourire. « Je vois que tu es devenue forte. »

Venue en ville : 17/03/2017

CONFERENCE ASCENSIONNELLE.

Feat ANTON X APOLLINE.

Respirer. Inspirer. C’était bientôt à elle de passer. Accompagnée de son enseignant de droit, Apolline était revenue au lycée. Non pas pour donner des cours, ni revoir des camarades ou des professeurs. Si elle était là, c’était pour le forum de l’orientation qui se passait chaque année. Ce forum permettait aux lycéens de choisir au mieux leur orientation, ça leur évitait de perdre bêtement une année de leur vie. Le moment de la prise de parole d’Apo n’allait pas tarder. Son enseignant était en train de la présenter à l’auditorium. Apolline prit une grande inspiration puis elle prit place sur la petite estrade. Face à elle, il y avait la petite table support et le micro posé dessus. « Bonjour à tous. Je me présente. Je suis Apolline, et j’étudie le droit depuis 3 ans. Je vais essayer de vous présenter cette filière et tout ce qui gravite autour tel que les devoirs, les examens, les débouchés. Si jamais vous avez des interrogations, n’hésitez pas à poser vos questions à la fin de mon intervention. » Sa voix était calme, douce mais avec une légère puissance afin que chacun puisse entendre. Seule en bas, elle arrivait parfaitement à entendre les chuchotements des lycéens dans l’amphithéâtre. C’était légèrement dérangeant. Mais d’un côté, Apolline n’arrivait à leur en vouloir puisqu’elle pouvait être pareil parfois ! Et puis, ça faisait déjà plusieurs conférences qu’ils devaient écouter. Même si cette journée sans cours pouvaient signifier repos d’un premier point de vue, en creusant un peu plus, cette journée n’était pas de toute repos puisqu’obligatoire pour les lycéens et ils se devaient de prendre des notes, d’écouter. Ils en dépendaient de leur avenir. Mais comment obliger un élève se dirigeant vers des études de sport à écouter une étudiante faire un speech sur les études de droit.

Qu’importe, Apolline se débrouillait pas trop mal. Son débit n’était ni trop rapide, ni trop lent. Cet exercice était un très bon entraînement et surtout un très bon moyen de mettre en pratique les cours qu’elle avait dans son cursus, sur l’élocution. Bien parler était toujours un point fort sur les affaires, devant la cour de justice. Un avocat sans une bonne élocution était un mauvais avocat. Voilà comment Apolline pensait. Heureusement pour elle, son élocution semblait correcte. De toute façon, elle irait demander à son professeur de droit ce qu’il avait pensé de son discours. Apolline posa son regard sur lui, adressant un sourire franc mais rapide. Puis, elle s’était reconcentré sur la foule d’étudiant devant elle. Son discours fini, il était maintenant l’heure des questions. Quelques élèves semblaient réellement intéressés par cette filière. Cela faisait forcément plaisir. Et c’est avec ce même plaisir qu’Apolline répondit à leurs questions. « Au niveau de la charge de travail, tout dépend de votre manière de travailler. Les devoirs sont donnés relativement tôt, pour permettre de prendre de l’avance. Si vous ne saisissez pas cette opportunité d’avance, alors vous risquez d’avoir une grosse charge de travail sur les bras, dans un laps de temps très court. Les études de droit demandent une certaine organisation et méthodologie. Mais ce n’était pas parce que vous avez du mal aujourd’hui dans l’organisation et la méthodologie, que ça ne peut pas évoluer positivement à l’université. Il y a des cours particuliers sur ces points-là ! » Apolline adressa un sourire aux élèves ayant pris la parole. Plus aucune main levée. « Si jamais vous avez des questions, n’hésitez pas à venir me voir après la conférence. » Sous les applaudissements, Apolline descendit de l’estrade avec un sourire aux lèvres. Elle était contente. Elle avait réussir à le faire. La jeune femme expira longuement. C’était un soulagement. Car au début, Apolline ne pensait pas réussir à monter sur scène, devant tant de personne et tenir un discours sans perdre ses moyens. La petite lycéenne en avait fait du chemin. Quand il s’agissait des cours, Apolline prenait de l’assurance. Malheureusement, lorsqu’il s’agissait de répliquer aux autres, ne pas se laisser marcher dessus, c’était une autre histoire.

Maintenant que c’était fait, l’étudiante en droit voulait absolument savoir ce que son professeur avait pensé de sa prestation. Du regard, elle le chercha dans l’amphi. Elle ne tarda pas à le trouver. D’un pas assuré, Apolline se dirigea vers lui. Mais elle se stoppa rapidement lorsqu’un de ses anciens professeurs vint à sa rencontre. Il lui fit un compliment qui toucha sincèrement la jeune femme. « Monsieur Whishaw ! » Elle était réellement ravie de revoir son ancien professeur. Malgré leur relation purement éthique, de professeur à élève, Apolline avait toujours réussi à se confier à lui. Il était une oreille très attentive. Et il s’était souvent inquiété pour elle, notamment lorsqu’elle devait trainer derrière elle sa réputation de fille facile. Il avait été là pour elle dans les moments difficiles, au lycée. « Merci beaucoup. Je suis persuadée qu’avoir de bons professeurs comme vous a contribué à celle que je suis aujourd’hui. » Apolline lui adressa un sourire franc. « Je suis contente de vous voir monsieur. Donc vous êtes toujours enseignant ici ? » Après, il fallait avouer que le lycée n’était pas horrible du tout, la ville avait quelques charmes. Il faisait plutôt bon vivre et enseigner ici, selon Apolline. Si évidemment, on oubliait l’épisode de l’année dernière. Malheureusement c’était impossible. Même un an après le terriblement événement, Elisabeth était encore dans les mémoires de tout le monde. Mais pour l’instant, il fallait qu’elle sorte quelques heures de la petite tête brune. Elle secoua sa tête très légèrement pour sortir de ses pensées. Vraiment, elle était ravie que son ancien professeur soit venu la voir !

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